Login

Travail en élevage Déléguer les travaux de plaine ou s'équiper : faire le bon choix

Le fait de déléguer les travaux de plaine permet aussi d'accéder à du matériel performant pour des débits de chantier plus rapides. (©Terre-net Média)

Le prix du matériel ne cesse d’augmenter. Et depuis deux ans, les tensions sur les approvisionnements en matériel ne font que renforcer cette tendance. Quand s’ajoute le manque de main d’œuvre en élevage laitier, la question se pose entre déléguer les cultures et s’équiper en propre.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

De nombreuses tâches administratives sont déjà très largement déléguées à un prestataire (comptabilité, plan de fertilisation, Pac…). Pour le matériel et les travaux des champs, la question de la délégation complète revient de plus en plus souvent, soit par choix, soit pour alléger la charge de travail sur l’exploitation.

Est-ce vraiment rentable d’acheter son propre matériel ? D’être autonome ? Comment apprécier l’intérêt économique ?

Faut-il compter la main d’œuvre quand il n’y a que des associés ?

Avec un salarié, la question ne se pose pas. En Gaec entre associés ou en structure individuelle, les deux sont possibles : avec et sans. Il faudrait pourtant que ces heures passées soient « rentables ». Elles ne génèrent pas directement du revenu supplémentaire, sauf si le temps libéré est consacré à une autre tâche. Aujourd’hui, il n’existe pratiquement plus d’exploitation avec des marges de temps disponibles.

Le temps passé pour 1 ha de culture est très variable d’une exploitation à l’autre. En dehors du matériel, l’organisation du chantier est importante. Avec un parcellaire morcelé, éclaté et des îlots éloignés, le temps passé s’allonge et les frais de carburant augmentent. Le temps sur la route est un temps improductif ; il est régulièrement oublié ou sous-estimé. Les mesures réalisées montrent que ce temps dépasse rapidement 15-20 % du temps d’utilisation du matériel.

Acheter le matériel ou déléguer les travaux de cultures

Dans l’exemple retenu, le calcul est réalisé avec la préparation et le semis de 50 ha de blé, hors frais de moisson et la préparation et le semis de 40 ha d’ensilage de maïs, hors frais de récolte ensilage (barème entraide 2021 Nouvelle Aquitaine) :

1ère option : le matériel est acheté en propriété, individuellement

Simulation avec le matériel en propriété (©BTPL)

2e option : les travaux de cultures sont complètement délégués (base entraide)

Simulation en déléguant les travaux de plaine. (©BTPL)

Dans la simulation, le coût de la mécanisation est de 754 €/ha avec du matériel en propre, et 416 €/ha délégué (main d’œuvre comprise). À noter que la tonne à lisier pèse pour 7 750 €/an et 86 €/ha. Bien entendu selon le matériel acheté, ou délégué en Cuma ou en ETA, les coûts changent. L’écart peut être conséquent. Il existe des différences entre régions. Le principe est de faire le calcul sur sa propre exploitation pour avoir une idée réelle de l’écart. Dans notre simulation, il y a plus de 25 000 €/an.

Sans oublier que le matériel est souvent plus performant avec la délégation. Il offre des débits de chantier plus rapides, il faut aussi plus de puissance de traction. Il est également plus technique. Cela s’avère intéressant pour les traitements, avec plus de précision sur les doses appliquées.

Le calcul a été réalisé avec 50 ha de blé et 40 ha d’ensilage de maïs. Si la surface cultivée augmente, elle réduit le poids de l’investissement. Les tracteurs servent évidemment à d’autres taches sur l’exploitation. Mais en général sans les cultures, le besoin de puissance n’est pas aussi important, en particulier pour le tracteur de « tête », sans occulter la difficulté d’avoir le parc matériel tracté adapté au tracteur.

Même si elle n’est pas comptée dans le tableau, la hausse du carburant 2022 affecte les deux simulations de même que la hausse des matériels. Dans l’exemple, la hausse pour les carburants se situerait autour de + 90 €/ha et celle pour le matériel autour de +70 €/ha.

Pourquoi ne pas tout déléguer ?

Il n’est pas toujours possible de déléguer localement à une ETA ou une Cuma. Mais dans la majorité des situations, le choix d’équipement individuel est rarement fait avec un calcul économique. La question ne se pose jamais pour tout le matériel d’un coup mais au fil de l’usure du matériel. Dans notre exemple, pour les 90 ha de cultures, l’avantage est en faveur de la délégation avec un écart de 25 000 €. Ça vaut le coût de prendre le temps de la réflexion, avec les tarifs des entreprises et Cuma locales. Le chèque pour l’ETA ou la Cuma est conséquent, mais s’il n’y a pas d’annuités pour du matériel…

Intervenir au bon moment 

Hormis les traitements, difficilement reportables, en délégant il faut accepter que les travaux ne soient pas faits à l’heure attendue, ce qui peut être frustrant. D’où la nécessité de bien définir son niveau d’exigence avec le prestataire, les délais et la qualité attendue pour la culture, avec les coûts définis pour la prestation. Pour un éleveur laitier avec une traite non robotisée, entre la traite du matin et celle du soir, l’amplitude horaire reste très courte pour les travaux des champs.

La décision de déléguer tout ou partie revêt aussi d'un choix personnel. « J’aime bien cette période au printemps. C’est un peu la course mais ça change… » La motivation personnelle va effectivement influer sur la décision de déléguer telle ou telle tâche. Le chiffrage doit aussi intervenir dans le processus de décision. Attention de ne pas investir dans un matériel puis d’être obligé de déléguer par manque de temps… C’est la situation la plus couteuse, qui arrive malheureusement fréquemment. Dans ce cas, une solution est d’embaucher de la main d’œuvre occasionnelle, qui utilise votre propre matériel. Encore faut-il trouver la bonne personne…

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement